Trois Chemins en Hayastan.

Sous titre
La Cathédrale d’Ani, L’iridescence du toucher, Tigranakert, cité-mère enfouie
Catégorie
Musique de chambre avec direction
Orchestre de chambre
Orchestre de chambre avec soliste
2021

commentaire du compositeur:

Trois Chemins en Hayastan.

Ce titre fait référence aux Chemins de Luciano Berio qui sont reliés à plusieurs de ses Sequenze pour instrument soliste. Dans ces partitions, la partie de l’instrument solo est conservée mais le compositeur invente un univers orchestral pour le mettre en écho à la partie soliste d’origine et amplifier la dramaturgie sonore. Trois pièces préexistantes que j’avais composées à partir de 2017 à la demande de Laurence Mekhitarian dans le cadre des échanges qu’elle avait initiés entre la Belgique et l’Arménie ont été « recomposées » pour en créer un cycle pour piano solo et ensemble.

 

1- La Cathédrale d’Ani

La découverte au hasard de mes recherches sur la toile de la « ville fantôme d’Ani », et tout particulièrement de sa cathédrale, de son histoire tragique et de sa portée symbolique, m’a immédiatement apporté une source d’inspiration très forte. La cathédrale d’Ani, dédiée à la Sainte Mère de Dieu, fut construite aux confins des IXe et Xe siècles, véritable âge d’or de cette cité resplendissante qui était la capitale de l’Arménie médiévale. Suite aux invasions successives, la ville a été progressivement abandonnée. La coupole de l’édifice et l’angle nord-ouest se sont effondrés suite aux séismes de 1319 et de 1988. Le large espace intérieur de l’édifice semble dorénavant ouvert sur l’infini. Le site se situe actuellement à l’extrême est de la Turquie, à quelques centaines de mètres de la frontière arménienne.

C’est donc cette Histoire tragique que j’ai essayé d’évoquer, et pour mieux remonter dans le temps, j’ai utilisé dans la section médiane de la pièce quelques fragments mélodiques tirés d’une ancienne antienne liturgique arménienne dédiée à la Sainte Théotokos, terme arménien qui désigne la Mère de Dieu. Cette antienne nous a été transmise grâce aux recherches et à un enregistrement du Centre d’études du chant liturgique arménien (Akn). Il est vraisemblable qu’elle ait résonné dans l’édifice à l’époque de sa splendeur. 

 

2- L’iridescence du toucher est dédicacée à l’artiste plasticienne d’origine arménienne Aïda Kazarian dont l’œuvre constitue la première source d’inspiration. Son titre, L’iridescence du toucher, est directement emprunté à un article rédigé par l’artiste elle-même édité dans le livret de présentation de son travail. Se souvenant du « rythme des points noués et des chants d’amour » qui ponctuaient le travail quotidien de ses parents autour des tapis d’Orient qu’ils confectionnaient et restauraient, elle a développé un langage original et personnel en utilisant directement ses doigts pour appliquer la peinture sur la toile. Il n’y a donc rien d’autre sur la plupart de ses toiles que ses empreintes colorées qui s’assemblent en véritables compositions et qui ne sont pas sans faire penser à des partitions musicales par le témoignage rythmé des « touchers » qu’elles livrent. Aussi l’écriture musicale a cherché à évoquer la sensation d’un geste-toucher continuellement répété par un procédé d’ostinato rythmique sur des sons choisis en fonction des résonances résultantes. Car celles-ci cherchent à évoquer l’effet d’irisation des toiles d’Aïda Kazarian qui invitent le spectateur à trouver l’effet de reflet en fonction de sa position face à la toile et de la lumière environnante. Ce phénomène d’irisation a pu être transcrit en effets sonores en travaillant sur les résonances continues des cordes graves libérées de leur étouffoir par l’action de la pédale sostenuto, sur leur évolution tout au long de la pièce et leurs mélanges subtils en fonction des sons joués. Quant aux « chants d’amour », ils sont eux aussi évoqués par l’émergence de fragments mélodiques modaux dans un style typiquement arménien.

 

3- Tigranakert, cité-mère enfouie évoque les cités mythiques fondées par le roi Tigrane II le Grand vers le début du 1er siècle avant J.-C et plus particulièrement celle qui a été récemment identifiée comme telle dans le district d’Agdam (Haut-Karagabh) de l’actuel Azerbaïdjan suite aux fouilles dirigées de 2005 à 2020 par le Professeur Hamlet Petrosyan, membre de l’Institut d’archéologie et d’ethnographie de l’Académie nationale des sciences de la République d’Arménie. Le travail des archéologues a dès lors pu apporter une preuve que le peuple arménien était implanté dans ce territoire depuis 21 siècles au moins.

La section centrale de la pièce cite de larges fragments mélodiques d’une berceuse traditionnelle arménienne qui porte le titre de Tikranakerti Oror (Berceuse de Tigranakert). Ces fragments ont été notés d’oreille d’après la version chantée par l’excellente interprète de traditionnels arméniens Hasmik Harutyunyan, puis adaptés rythmiquement et placés dans un contexte polyphonique, tout en respectant les structures modales séculaires de la musique arménienne. La forme de la pièce est conçue pour conduire l’auditeur à cette citation dans une intention symbolique et dramaturgique.

 

Compositeur(s)
Instruments
Violon
Violon alto
Violoncelle
Contrebasse
Flûte traversière
Flûte piccolo
Hautbois
Cor anglais
Clarinette Sib
Clarinette basse
Basson
Cor
Trompette
Trombone
Percussions
Piano
Harpe
Numéro
2
Durée
25 minutes
Effectif
orchestre de chambre
Effectif complet

violon1, violon2, alto, violoncelle, contrebasse, harpe, flûte, hautbois, clarinette, cor, basson, trompette, trombone, piano, 2 percussions (marimba, bongos, congas, triangle,Tam-tam, timbale, grosse caisse, wood-blocks, vibraphone) 

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Date de création