Tota pulchra es, amica mea

Sous titre
800ème anniversaire de l'Eglise Notre-Dame de la Chapelle - Bruxelles
Catégorie
Oratorio
Musique électronique mixte
Musique vocale
2010

Commandée par l’asbl Voce et Organo au compositeur belge Jean-Pierre Deleuze, cette oeuvre a été créée le 15 octobre 2010 en l’église Notre-Dame de la Chapelle, à l’occasion du 800ème anniversaire de la paroisse.

Le titre, Tota pulchra es, amica mea, est tiré de la première antienne de l’office des Premières Vêpres de l’Assomption, selon l’Antiphanarium ad usum Cameracensis eccelsiae (1235-1245) de la bibliothèque municipale de Cambrai. La première partie l’oeuvre fait entendre cet office dont plusieurs fragments sont traités à la manière d’organa ou de déchants, afin d’évoquer les pratiques polyphoniques primitives, généralement improvisées.

Au centre de l’oeuvre, un Magnificat, pour six voix d’hommes, orgue, cornet et électronique se déploie, dans une mise en musique originale, recourant à des procédés d’écriture polyphonique contrastés et reliant à la fois le matériau grégorien, les sonorités de l’orgue mésotonique et des cornets à bouquin, mais aussi, celles des cloches de l’Église de la Chapelle enregistrées et traitées par le Centre Henry Pousseur.

La dernière partie de l’oeuvre, synthèse et conclusion à la fois, s’ouvre librement sur l’antienne Nigra sum, sed formosa, provenant du Cantique des Cantiques (Cant 1,5), tout comme Tota pulchra es, amica mea. L’enchaînement est mis en évidence par la présence des voix de dix récitantes faisant entendre, chacune dans leur langue, ces deux fragments du Cantique des Cantiques. Après l’hébreu, langue originale du texte, le grec et l’arménien, le texte est récité dans de nombreuses langues, qui sont aujourd’hui parlées les différentes communautés qui constituent nos cités contemporaines. Les sons de ces voix parlées s’intègrent alors progressivement au voix de l’Ensemble Psallentes, des instruments, mais aussi des sonorités spectrales issues des cloches, présentes quant à elles dès la première partie de l’oeuvre.

 

Cette œuvre a été écrite avec l’aide de la Communauté française (Direction générale de la Culture, Service de la Musique).

Compositeur(s)
Instruments
Voix de contreténor
Voix de ténor
Voix de baryton
Voix de baryton
Voix de basse
Voix de basse
Orgue
Cornet à bouquin
Cornet à bouquin
Flûte à bec alto
Electronique
Cornet muet
Durée
75 min.
Effectif

Six voix d'hommes, orgue, cornets, flûte à bec et électronique

Comment

Commissioned by the non-profit association Voce et Organo from the Belgian composer Jean-Pierre Deleuze, this work was premiered on 15 October 2010 in the church of Notre-Dame de la Chapelle, on the occasion of the 800th anniversary of the parish.

The title, Tota pulchra es, amica mea, is taken from the first antiphon of the Office of the First Vespers of the Assumption, according to the Antiphanarium ad usum Cameracensis eccelsiae (1235-1245) of the municipal library of Cambrai. In the first part of the work, this office, several fragments of which are treated in the manner of organa or tears, evokes primitive polyphonic practices, generally improvised.

At the centre of the work, a Magnificat, for six male voices, organ, cornet and electronics, is set to original music, using contrasting polyphonic writing techniques and linking together Gregorian material, the sounds of the mesotonic organ and cornets, and also those of the bells of the Chapel Church, recorded and processed by the Centre Henry Pousseur.

The last part of the work, both synthesis and conclusion, opens freely on the antiphon Nigra sum, sed formosa, from the Song of Songs (Cant 1,5), as does Tota pulchra es, amica mea. The sequence is highlighted by the presence of the voices of ten female narrators, each of whom plays these two fragments from the Song of Songs in their own language. After Hebrew, the original language of the text, Greek and Armenian, the text is recited in many languages, which are spoken today by the different communities that make up our contemporary cities. The sounds of these spoken voices are then gradually integrated into the voice of the Psallentes Ensemble, instruments, but also spectral sounds from the bells, which are present from the first part of the work.

 

This work was written with the help of the French Community (General Direction of Culture, Music Service).

 

Date de création
Technique

Note technique : Tota pulchra es, amica mea

Célébration pour les 800 ans de la Paroisse Notre-Dame de la Chapelle - Bruxelles

Dès les premières étapes du projet de cette œuvre destinée à être créée dans le cadre de ce huit-centième anniversaire, il nous est d’emblée apparu essentiel d’évoquer musicalement l’époque concernée (les premières décennies du XIIIe siècle) et de créer une mise en perspective en la confrontant à la nôtre par une approche esthétique actuelle. Bruxelles faisait alors partie du diocèse de Cambrai. Aussi, tout naturellement nos recherches nous ont conduit à la bibliothèque municipale de cette ville, riche en manuscrits grégoriens. Notre choix s’est fixé sur les Premières Vêpres de l’Assomption, telles que nous les avons trouvées dans l’Antiphonarium ad usum Cameracensis eccelsiae(1235-1245). Les premières vêpres, chantées traditionnellement en début de soirée, marquaient le changement de jour liturgique, et dans le cas présent il s’agit de l’office chanté le 14 août.

Le manuscrit nous transmet la série complète des antienneset hymnes prévus pour cet office et indique les références des psaumes associés à ces antiennes. Toutes ces pièces de plain-chant seront créées en première partie de concert dans la version particulière de ce document ancien.Toutefois, les psaumes ont été partiellement traités polyphoniquement, dans une tentative d’évocation des pratiques polyphoniques primitives, généralement improvisées.

Le sous-titre choisi pour cette célébration, Tota pulchra es, amica mea[1], est tiré de la première antienne de l’office selon l’antiphonaire précité[2].Il s’agit d’un fragment du Cantique desCantiques (4,7) qui prend place à côté de plusieurs autres que l’on trouve parmi les antiennes utilisées dans les différents offices consacrés au culte de la Vierge Marie.

La confrontation évoquée ci-dessous s’impose avec le Magnificat, qui marque la deuxième partie du concert, dans une mise en musique originale, recourant à des procédés d’écriture polyphonique contrastés et reliant à la fois le matériau grégorien, les sonorités de l’orgue mésotonique et des cornets à bouquin, mais aussi, celles des cloches de l’Église de la Chapelle enregistrées et traitées par le Centre Henri Pousseur .

Pour la dernière partie de l’œuvre, synthèse et conclusion à la fois, nous utilisons librement une autre antienne provenant du Cantique desCantiques : Nigra sum, sedformosa[3](Cant 1,5), dont l’utilisation nous a été suggérée très judicieusement par l’Abbé Jean-Luc Blanpain. Bien que cette antienne n’apparaisse pas dans le manuscrit cambrésien, elle fait traditionnellement partie du culte dédié à la Vierge et est d’ailleurs incluse dans l’antiphonaire actuel édité par l’Abbaye de Solesmes. Par ailleurs,Claudio Monterverdi, dans ses Vespro Delle Beata Vergine, en a mis le texte en musique dans un style très personnel et en a fait en quelque sorte un motet pour ténor solo. A l’instar de la forme globale que revêt le Cantique des Cantiques, c’est-à-dire un dialogue (sous formes de poèmes, de chantsd’amour alternés) entre une femme et un homme, Monteverdi fait suivre le fragment Nigra sum, dit par la femme, d’un autre, dit par l’homme : Surge,amica mea, et veni[4] (Cant2,11). Pour faire la liaison entre ces différents fragments du texte original, Monteverdi introduit ces mots : Etdixit mihi[5].Nous avons pris ce procédé en exemple en enchaînant le fragment Nigra sum à celui qui est emprunté parla première antienne de l’office grégorien que nous avons élu, Tota pulchra es. Cet enchaînement estmis en évidence par la présence remarquable des voix de dix récitantes faisant entendre, chacune dans leur langue, ces fragments du Cantique des Cantiques. Après l’hébreu, langue originale de ce texte sublime, le grec et l’arménien, les textes seront entendus dans la plupart des langues parlées des différentes communautés qui vivent dans les quartiers environnant l’église de la Chapelle.

Dans la conclusion, les sons de ces voix parlées seront amenés à s’intégrer à ceux des voix magnifiques de l’Ensemble Psallentes, des instruments, mais aussi des sonorités spectrales issues des cloches, présentes quant à elles dès la première partie du concert pour encadrer toutes les citations grégoriennes authentiques. Enfin, grâce aux outils technologiques apportés par la contribution du CRFMW et à l’architecture gothique très propice que nous offre le magnifique édifice, le public est convié, tout au long du concert, à une écoute stimulée par les effets de spatialisation qui contribuent à donner toute la dimension attendue pour cette création.

Jean-Pierre Deleuze

[1] « Tu estoute belle, mon amie ».

[2] Pour un mêmeoffice, le choix des antiennes varie d’un manuscrit à l’autre en fonction desusages locaux.

[3] « Jesuis noire, mais je suis belle ». Le contexte du Cantique des Cantiques nous indique que l’adjectif « noire » doit être compris dans le sensd’avoir le teint sombre, basané, parce que le personnage féminin qui est mis enscène dans ces premiers vers avait été faite « gardienne desvignes », malgré elle.

[4]« Lève-toi, mon amie, et viens ».

(5] « Et ilme dit ».

Programme

 

 

 

Référence
https://www.voceorgano.be/tota-pulchra-es-amica-mea/