Lettre soufie : A(lif)

Catégorie
Ensemble et orchestre
Musique pour orchestre
2006
Compositeur(s)
Instruments
Orchestre
Numéro
3
Période
2005-2006
Durée
14 min.
Effectif

pour ensemble et orcherstre

Comment
Commande de Bozar et du festival Ars Musica, avec le soutien de la Fondation Spes et de la Communauté Française, direction générale de la culture, service de la musique classique.
Date de création
Programme

Lettre soufie : A

« Alif », seule « voyelle » de l'alphabet arabe. Celle qui correspondà Allah, 66, Terrible, Amitié, qui a pour élément, le Feu, pour animal, leBélier et pour planète Saturne. Celle qui doit servir de liaison et deconfirmation. Ca vaut bien une conclusion. Et pourtant, il me faut rappeler queles « Lettres Soufies » ne constituent pas un cycle, mais un réseau de cycles :A est susceptible, dans d'autres constructions, d'occuper une place toutedifférente (ou de ne pas figurer). Elle n'est donc une conclusion que demanière contingente : aujourd'hui, on a décidé de former le mot KDTZ'GhSA dontA est la dernière lettre, en raison d'exigences lexicographiques trop longues àdétailler ici. C'est ici qu'on verra si ce mot est cohérent, si sa forme depalindrome était perceptible, si elle n'a pas paru trop naïve. C'est ici qu'onsaura si ce mot forme un tout qui a plus de sens que ses lettres isolées. C'estici qu'on commencera peut-être à envisager d'autres mots : « moi je mettraisvolontiers S avant Gh en supprimant D » ou « je me demande la temporalité quis'élaborerait avec Z à la place de Z' et sans orchestre »... etc.

A est aujourd'hui une conclusion « de masse instrumentale» au sens oùl'effectif présent dans le mot se retrouve au complet : ensemble et orchestre.A est une conclusion « de matière musicale » au sens où son ambition d'accueils'ouvre à l'ensemble des lettres du recueil : elles y sont toutes citées,transformées, déformées, reformées. « Toutes ? Mais il y a 28 lettres et vousn'en avez écrit que 8, comment pouvez-vous toutes les citer ? » A est donc, eneffet, une forme ouverte : tentaculaire, elle peut tout capter de ce quil'entoure, de formation instrumentale variable, elle doit être « réécrite » àchaque fois, en raison du mot dans lequel elle se trouve.

En ce sens, A est, par essence, définitivement inachevée (pourrait-on dire,étymologiquement, « in-finie » ?) : elle invitera peut-être les concepteursd'un nouveau mot à mettre la main à l'écriture. Car c'est bien cela, lesLettres Soufies : une écriture qui, cherchant humblement à rendre compte deTout - d'abord à mon propre usage, et si possible pour le plaisir d'autrui -,veut aussi se débarrasser des attaches, et en particulier, du besoin d'écrire.A est un mouvement vers la dépossession.