Why Mozart ?

Catégorie
Musique de chambre avec direction
2006

La genèse de cette pièce fut brève: écrite à l'occasion du Mozart Pyramid Project, summer school of Canterbury, il s'agissait de choisir un projet parmi un commentaire du Requiem, des reconstitutions de Mozart et une pièce libre évoquant l'esprit... le tout pour quatuor et deux clarinettes. J'ai immédiatement voulu faire tout à la fois en sentant que cela devait être une réelle réponse au projet initial. Je m'explique. Quand on m'a dit qu'il fallait travailler sur Mozart, je me suis réellement posé la question: pourquoi Mozart? Pourquoi lui et pas un autre? En d'autres termes, pourquoi ressasser éternellement le passé? Pourquoi faire du neuf avec du vieux? Encore et toujours le rapport à l'histoire, aux chefs-d'oeuvre, culture obsolète et malsaine dans la mesure où elle confine (et cela dans la facilité) l'histoire de l'écriture musicale à quelques héros, vision moderne s'il en est! Mais voilà, les héros sont morts et il n'en reste que les filigranes. L'ironie sera le vecteur de ma prise de position.

La pièce se découpe donc en trois parties au milieu desquelles s'insère une parenthèse. La première (A commentary of the Requiem) est un filtrage direct de la fugue introductive du Requiem. Elle donne le ton : à la fois appel à l'écoute, découverte du matériau et déclaration du Requiem de Mozart (à prendre au pied de la lettre!). En découle fort naturellement la scansion du « thème » mais de façon squelettique: évocation à la fois conclusive prétexte à un nouveau début : la partie deux. Unfinished Mozart's works possède une fausse fonction de transition. Elle présente un matériau éliminé, les restes développés d’un Mozart. Elle présente aussi la confrontation de deux mondes: la musique religieuse grave et la musique de salon plus légère. Or il me semble que Mozart avait très bien compris que les idiomes eux-mêmes quelles que soient leurs origines prennent sens dans la forme. Voilà pourquoi dans une dernière attitude déférente, une parenthèse (White Mozart) expose un thème (unique esquisse complète de Mozart pour un quintette) qui par ses allures d'extrême simplicité fait acte de sa spiritualité. C'est un dernier soubresaut de la modernité. La dernière partie (Wild Mozart) est la mise à mort de cette histoire. À la fois exécution et libération, elle explose en une multitude de récits qui, mêmes s’ils sont aléatoires et désordonnés, vont  dans la même direction: celle du son. C'est une nouvelle « tonalité » (dans le sens propre du point de repère qui conduit à l’harmonie des parties entre elles) qui apparaît dans la vibration du trille, la cohérence discrète d'un ensemble, la respiration d'une cadence... l'exaltation de la vie. Cette pièce fut créée dans une première version à Rouffach puis réaménagé pour sa création réelle à Canterbury par l’ensemble Sounds New (Nicholas Cloesburry). Durée 7’.

Compositeur(s)
Instruments
Clarinette Sib
Quatuor à cordes
Durée
6'
Effectif
2 Clarinettes Sib, Quatuor à cordes
Version
2006